nouveaux programmes
Bon, puisque le pc fonctionne depuis plus de 10 minutes d'affilée, (merci au petit dieu des pc pourris !) c'est parti pour une nouvelle note militante
Ouais, encore
Mais y'a de quoi
Vous avez sûrement un peu entendu parler des nouveaux programmes de M. Darcos
Donc je ne vais pas m'étendre sur les réductions de postes, le lycée et la fac
Parlons plutôt des programmes pour la maternelle et le primaire
Et évacuons d'abord de problème de la forme, parce que c'est le fond qui fait le plus peur
Et pourtant, même quand on est habitué à être pris pour des cons, il faut dire qu'on a un peu mal au cul sur ce coup là
D'abord ces nouveaux programmes n'ont pas d'auteur officiel
On ne sait pas qui les as pondus ni sur quelle base idéologique
C'est donc un boulgi-boulga de réformes faites par un ramassis de bureaucrates sans aucune expérience pédagogique dans une obscure commission ministérielle
Une fois tout ça rédigé, quelqu'un a sûrement soufflé au ministre que ça allait avoir du mal à passer auprès des profs
Et dans sa grande mansuétude, il nous a offert 3h heures un samedi matin pour nous consulter
Une consultation
Avec un vague questionnaire à renvoyer
Vous savez, comme les sondages « êtes vous très très satisfaits, très satisfait ou satisfait de l'action gouvernementale ? »
Une vraie blague
Surtout quand 3 semaines après, les éditeurs nous envoient des exemplaires de leurs nouveaux manuels estampillés nouveaux programmes
Quoooouuuuaaaaa ? Commeeeent ? En seulement trois semaines, ils ont eu le temps de ne pas lire nos réponses aux questionnaires, de ne pas en tenir compte, de ne pas modifier leurs nouveaux programmes déjà décidés d'avance, et d'imprimer des manuels qui s'y conforment
Que me voilà surprise ! J'en peux plus d'étonnement !
Bon, quand je suis lancée, je m'arrête plus, ça va être chiant, je vais essayer de résumer un peu, de tirer la substantifique moelle de ce merveilleux texte
Dons, en gros :
On alourdit les programmes, on relève le niveau d'exigence et on diminue le temps d'enseignement.
En français et en maths, les connaissances visées en fin de Cm2 sont semblables à celles attendues en fin de 5ème. Mais en plus on va faire du sport.
Et on vas ajouter des nouvelles matières tiens : l'éducation au développement durable, l'histoire de l'art, l'éducation morale et on va apprendre l'anglais dès le CP.
On garde tout, on compartimente, on morcelle en disciplines et sous disciplines et on diminue le temps pour faire ce travail.
Et ça va miraculeusement résorber l'illettrisme et l'échec scolaire !
Cherchez la logique :
On focalise sur les maths, le français et le sport en élémentaire ; sur le vocabulaire et l'étude des sons en mater
En bref, on ne s'intéresse qu'aux apprentissages qui ont une visée utilitaire (apprendre des trucs pour pouvoir en apprendre d'autres)
Le scolaire devient donc un mode totalement à part, sans aucun rapport avec la vraie vie
C'est vrai quoi, pourquoi l'école servirait à permettre l'ouverture culturelle sur d'autres horizons et le développement de chacun
Quelle perte de temps !
Je vous raconte pas les ravages sur les élèves en échec et/ou de milieux défavorisés
Comment, et pourquoi apprendre ce qu'on ne comprend pas ?
Et c'est justement ça qui manque dans la réforme : on ne parle jamais ni de susciter l'intérêt, ni de provoquer une quelconque curiosité ou activité intellectuelle
C'est pas comme si l'expérience et les recherches scientifiques avaient prouvé qu'il ne peut y avoir d'apprentissage sans élaboration des connaissance, et sans participation active des élèves.
Mais bon, pourquoi avoir l'ambition de l'accès pour tous à une culture commune, quand on peut mettre en place la docilisation des comportements et la soumission des esprits hein...
Ha, tiens on dirait qu'on a mis le doigt sur le fondement idéologique du truc, dites donc...
L'élève dont on parle dans ces textes apprend et régurgite, non pas pour penser le monde mais pour avoir de bonnes notes et pour faire évoluer ses performances.
On passe à la trappe toutes les activités qui impliquent de la recherche et de la réflexion et on met en place un tas de règles à appliquer, répéter et reproduire.
Pas besoin de comprendre ce qu'on fait et pourquoi après tout...
Le résultat, c'est que le fossé se creusera pour tous les enfants qui n'ont que l'école pour accéder à la culture et les autres.
Et ce sera ceux qui resteront 2h de plus le soir pour faire des exercices mécaniques alors qu'ils devraient profiter autant que les autres de ce que peut offrir leur famille ou les assoc culturelles et sportives.
Et pour ceux qui ne pourront pas rentrer dans le moule de l'élève obéissant et ingurgitant docilement la culture scolaire pré mâchée qu'on leur servira, il reviendra aux familles d'entreprendre les soins et la rééducation nécessaire
Sinon on leur coupe les allocs, merde
En maternelle, les textes piétinent tout ce qu'on sait de la maturation psychologique et affective des enfants.
Pas besoin d'aller bien loin dans l'analyse, juste les titres : on passe de « vivre ensemble » à « devenir élève ».
On va zapper l'accueil des 2 ans, et on recentre la maternelle sur les apprentissages
On s'en fout que les enfants soient développés, éveillés et qu'ils se fassent pas la guerre, on va leur apprendre à lire à 4ans et demi/5 ans, ça va lutter contre l'illettrisme
Bon, techniquement, le cerveau des enfants est pas près à ça avant au moins 6 ans, et dans tous les pays nordiques dont on admire les résultats ils ne commencent pas la lecture avant l'age de 7 ans
Mais bon...
Bon voilà, je crois que je me suis étendue quand même
Ha, si quand même, faut que je rajoute qu'il y a une idée qui traîne selon laquelle y'aurai comme un truc délibéré dans tout ça
Sans verser dans la théorie du complot, c'est pas forcément con...
Plutôt que de risquer le mécontentement de la population, on baisse graduelle la qualité de l'enseignement, on supprime certaines activités, on obtient ponctuellement une contribution des familles, on ruine progressivement la qualité de l'École publique pour introduire peu à peu une privatisation qui s'imposera comme la seule planche de salut quand la vie dans les établissements ne deviendra plus supportable.
Ça fait réfléchir...