j'veux des sous!
Or donc, il a fallu se rendre à l'évidence : non seulement je n'allais pas partir en vacances cet été, mais il me fallait trouver un job d'été.
Ça m'a fait penser à des gens que j'ai connus, à l'époque soviétique, des profs, fonctionnaires russes, qui n'étaient même plus payés par l'état, et qui devaient se trouver un deuxième boulot pour survivre.
Et qui continuaient à enseigner gratos, les couillons !
(oui, je sais, je passe pour le dernier dinosaures à chaque fois, mais j'ai effectivement passé mon enfance dans l'ère soviétique, avec le mur à traverser, les espions et tout, et non, je n'ai pas 70 ans)
Alors que faire ?
J'ai déjà des troupeaux d'enfants sous le nez à longueur d'année, et l'E N ne nous autorise à compléter nos 11 mois de paye que par un boulot en rapport très étroit avec l'enfant (ne pas faire de blague, ne pas faire de blague...)
Les centres aérés, et autres centres de vacances ? No way.
Juste impossible pour ma santé mentale, et leur santé tout court si ils tienent à en avoir encore une.
La restauration, j'ai juré de ne plus jamais y remettre les pieds, et avec ma santé moisie, ça ne semble pas du tout être une bonne idée.
En plus, il semblerait que les gens soient devenus honnêtes et n'engagent plus d'extras au black...
Le milliardaire ?
Je suis sur les rangs depuis des millénaires, et rien en se profile à l'horizon, c'est évidement pas maintenant qu'il va s'en présenter un ...
La vente de bas et de sous-vêtement par internet ?
Hummm tentant, mais toute une logistique à mettre en place, et je te rappelle que je suis une quiche..
Pas de rentrée d'argent immédiate, donc
L'atelier clandestin de chaussures de chinois ?
J'ai pas les contacts pour
Reste le putifiage.
Mais attention hein, pas de celle qui racole son client façon poissonnière, accoudée à une porte cochère, le jambonneau boudiné dans le bas résille, un string fente-à-chatte et un soutif tétons apparents...
De la poule-de-luxerie hein, grand hôtel et consort, de celle qui permettrait d'allier l'utile à l'agréable quoi...
En plus, maintenant, avec Milla et Conasseee, on va ouvrir une maison close, et avec des associées pareilles, on va pouvoir taper haut !
Mais bon, il va falloir répéter ensemble les chorégraphies longtemps, trèèèès longtemps...
C'est une bien belle ambition de carrière, mais c'est pas vraiment à effet immédiat
Il ne me restait plus qu'une solution : le cours de soutien.
Certes, y'a encore de la chtite n'enfant, mais à petite dose, et je devrai arriver à pas trop me fouler niveau préparation des cours...
Le souci, c'est que j'avais déjà essayé en pap l'an dernier, et les gens, eux, partent en vacances, et n'ont donc besoin de personne pendant l'été.
Je me suis donc tournée vers une agence.
Parce que eux ils te trouvent des gens vite, et qu'en plus ils organisent des stages en été.
En deux-trois clics, j'en ai une bonne flopée.
J'entreprends de m'enregistrer, et là, c'est la consternation :
on me demande un CV et une lettre de motivation !
Bordel de quéquette de zèbre !
J'ai pas fait de cv depuis 10 ans...
Je suis certifiée par l'éducation nationale et ils veulent une lettre de motivation ?
Dans ton cul !
Je suis pas une petite étudiante en deug qui veut se payer un ciné ! (avec tout le respect dû à ces personnes, il en existe, c'est pas de leur faute)
En vrai, j'avais les méga-boulasses de devoir quémander un job d'été pourri comme un ado...
Après une soirée à déprimer sur ce monde de merde et la vie qui est trop toute pourrie, je me suis sorti les doigts du cul et j'ai complété un formulaire chez la seule agence qui me demandait pas mon cv.
Immédiatement, j'ai été contactée par cette agence, qui m'a proposé de passer pour plus d'infos mercredi.
Je me présente donc, la fleur au fusil, intéressée par les dates et rémunérations des stages d'été.
Une madame me reçoit, et, stupéfaction, me fait passer un entretient de motivation.
Putain, 7 ans d'études et 5 ans à bosser en zep crasseuse,
et on se demande si je suis qualifiée pour faire faire ses devoirs à un morveux !
Bien sur pétasse madame, ce qui me motive c'est la thune l'amour des enfants...
Le plus formidable a été le moment où elle m'a demandé de parler russe parce que j'avais indiqué que dans ma jeunesse, j'avais donné des cours un gars qui préparait un concours d'entrée dans une grande école...
Cette grognasse y comprenait évidement que dalle, elle n'a pas su que j'étais loin de lui parler de mes méthodes pédagogiques en langues vivantes, mais elle m'a quand même demandé d'en rajouter...
Elle a fait genre « ouais, bon, ça va, tu te débrouilles ». C'était d'un ridicule !
Et elle m'a fait l'insigne honneur de me valider positivement.
« Youpi, Hourra » que j'ai gueulé en m'en allant.
Mais la madame ne m'a pas laissé partir, elle m'a collé dans une salle de réunion au sous-sol, où y'avait tout plein de gentils mais néanmoins très jeunes étudiants en quête de sous pour se payer des tas de trucs de jeunes cools et qui pensent tout savoir sur la vie et l'enseignement.
Je me sentais trop à ma place...
Puis une Formatrice Dynamique est arrivée.
Par principe, je déteste les FD. Parce qu'elles sont F et parce qu'elles sont D.
Et quand celle-ci nous a annoncé qu'il allait falloir prendre des notes parce qu'on serait interrogés sur le contenu de la formation lors de notre second entretien, qui évaluera nos compétence pédagogiques,
j'ai dit « C'en est trop, je me casse ! »
La FD et les gentils étudiants cool se sont mis à me retenir. Et j'ai pensé à mon découvert.
Alors je suis restée.
Alors j'ai subi l'endoctrinement « maison ».
Alors j'ai fait de l'anti dynamique, de l'anti convivial, de l'anti sympathique et de l'anti ambiance.
J'avais la mort...
Maintenant, il va falloir que j'aille dans leur agence soit disant locale (plus loin de chez moi que 4 autres, c'est hyper local), que je me fasse valider positivement encore une fois, et que je me jette sur tous les élèves ou stages dispos pendants les vacances...
J'ai comme envie de gueuler « Youpi, Hourra » et de m'en aller...
Si tu connais un milliardaire célibataire,
un bordel qui recrute,
ou un moyen de gagner des sous autrement,
ça m'intéresse...