La maîtresse au tribunal

Publié le par Nama

    Oui parce qu'il faut savoir que cette belle missive, je ne m'y attendais pas trop puisqu'au moment de remettre la petite fille à sa mère, je lui ai raconté le chewing-gum, en lui expliquant bien qu'il s'agissait là d'une suite de maladresses. Je craignais sa réaction parce qu'elle est très attachée à la longue chevelure de sa fille.

Mais pour toute réponse, elle m'a assurée que ce n'était pas grave, que c'étaient des choses qui arrivent parfois. Elle m'a ensuite parlé du nouveau pédopsy.

J'en ai alors profité pour lui dire que je trouvais qu'elle n'allait pas très bien en ce moment, qu'elle avait été très indisciplinée durant la sortie et que je m'interrogeais sur sa capacité à venir à la prochaine sortie, prévue le vendredi matin.

Ce à quoi la mère a répondu qu'elle comprenait, mais qu'en ce moment sa fille dormait très mal, car depuis une semaine, la mère et sa fille ne dormaient plus dans le même lit. Forcément, après 6 ans, de lit commun, ça doit faire bizarre à la gamine. J'ai fait remarquer qu'il serait bon d'en parler au psychologue lors du prochain rendez-vous, mais que si l'enfant ne se comportait pas mieux lors des déplacements, il me semblait très difficile de l'emmener au théâtre ce vendredi.

Nous avons ensuite sereinement parlé des moyens d'enlever les chewing-gums des cheveux de sa fille.

Le vendredi matin, Mme L a attendu la mère du petit garçon au chewing-gum pour lui parler. Etant dans la cour à ce moment, je n'ai eu connaissance des ces faits que lorsque la maman de V est venue me voir à 9h pour m'expliquer que Mme L lui était tombée dessus, qu'elle avait crié sur son fils et l'avait insulté devant tout le monde, et que c'est pour cette raison qu'il pleurait maintenant.

Je me suis donc efforcée de consoler le petit garçon, en lui assurant que tout cela n'était pas grave et en lui faisant voir que nous allions bien nous amuser à cette nouvelle sortie.

Après ça, on se prépare à partir au théâtre, la gamine fait n'importe quoi : elle court, pousse, bouscule, refuse de se ranger et finit par être grossière. Donc je la punis, parce que je suis légalement responsable de la sécurité des enfants et que je refuse de prendre sur moi la gestion, dans la rue, au milieu des voitures, des pervers potentiels et des crottes de chien de 22 élèves ET d'une gamine qui n'arrive plus à se maîtriser.

C'est mon droit, et je suis seule juge de la situation.

Sur le chemin du théâtre, non loin de l'école, nous avons croisé Mme L qui se cachait dans les buissons pour ne pas que sa fille la voie et soit « perturbée » (selon ses termes).

Oui, elle espionne sa gosse, on a l'habitude.

Ne voyant pas sa fille, elle m'a interrogé du regard, et je lui ai expliqué qu'A ne s'était pas comportée correctement, et que comme je l'en avais prévenu, j'avais pris la décision de ne pas l'emmener.

 

Et bah, qu'est ce qu'elle a fait ?

Elle est allée à l'école, a menti au directeur et a récupéré sa fille, parce qu'elle n'était pas d'accord avec ma décision.

Non vous ne rêvez pas.

Et même qu'au téléphone, un peu plus tard, elle m'a soutenu qu'elle avait effectivement fait ça parce qu'elle n'était contre la punition, mais que ça ne remettait pas en compte mon autorité.

 

Et après avoir récupéré sa gamine, sans jamais m'avoir parlé, et donc sans réellement connaître les raisons de ma décision, elle s'est empressée d'appeler mon inspecteur et les associations de parents d'élèves pour crier au scandale.

Soit disant qu'ils abondaient tous dans son sens pour dire qu'il était inadmissible de priver un élève de sortie sous prétexte de grossièreté.

Ce qui n'est pas ce que j'ai fait.

Et ce qui n'est pas forcément vrai, parce que l'inspecteur m'aurait surement demandé ma version des faits depuis... Enfin j'espère... Il est chelou...

Elle a aussi saoulé le directeur pendant au moins une heure, mais là, pas de chance, il a totalement confiance en moi, et surtout on nous la refait pas.

A plusieurs reprises, elle a essayé de nous manipuler en l'appelant pour me casser du sucre sur le dos, puis en se plaignant de lui auprès de moi. Genre à une heure d'intervalle. Comme si on se parlait pas. Nous on a bien ri, mais elle, elle a pas arrêté.

Bref, j'avais prévu de l'appeler parce que j'avais pas apprécié qu'elle agresse le petit garçon le matin, et que maintenant je voulais essayer de désamorcer le truc qui commencer à prendre des proportions pas possible.

Purée ! Une heure vingt à l'écouter, prise sur ma pause déjeuner. Je peux même pas transcrire le gloubi-boulga de n'importe quoi qu'elle me sortait.

Ca allait de « de toute façon, dans votre classe c'est le bordel, j'ai rien vu, mais je sais »

à « je suis d'une famille de l'ancienne aristocratie italienne, j'ai fait des études, ce ne sont pas mes valeurs »

en passant par « oui, en octobre, on a accusé ma fille d'avoir renversé un yaourt, c'est pas elle, je le sais, vous avez décidé de vous acharner »

par " vous aussi vous avez les cheveux longs, vous vous rendez bien compte, on a mutilé sa féminité"

et par "vous lui avez fait du mal inentionnellement, maintenant elle fait une crise d'angoise et d'hystérie, elle est prostrée sous le lit à pleurer toutes les larmes de son corps".

 

Mais surtout, selon elle et dans les circonvolutions de son esprit malade, la maman du petit garçon m'avait agressée, elle était témoin; et elle m'avait humilié devant mes collègue et mes alèves. Et que c'est pour me venger de ça que j'avais puni sa fille si injustement. Parce que j'étais dans un "état psychologique instable".

Et dire que j'étais sacrément de bonne humeur ce matin là, et que jusqu'à ce point du coup de fil, je prennais le truc de façon super détachée...

J'étais partie pour lui expliquer que le chewing-gum et la punition n'avaient aucun rapport et calmer le jeu, mais à un moment, ça a suffit, alors j'ai répliqué. Et je suis très très bonne pour casser les gens, pas méchamment, et toujours poliment, mais très fermement et en leur mettant leur connerie sous le nez. C'est un de mes super pouvoirs.

Alors elle a pleuré.

Mais avant de raccrocher, elle m'a assuré qu'elle engagerai des poursuites et qu'elle irai jusqu'au bout.

C'était pas le but de la faire pleurer mais faut pas me marcher sur les pieds trop longtemps. C'est pas une bonne idée.

Nan mais ça va à un moment de dire n'importe quoi et de remettre en cause des personnes et leur travail sans preuves.


 

 

Est-ce que je dis que la gamine a tous ces problèmes parce que sa mère est barge et qu'elle la rend folle ?

Non.

Je n'ai pas de preuves.

Et je ne dis pas non plus qu'elle s'est sortie d'une accusation de maltraitance psychologique en faisant jouer ses relations, mais qu'en attendant, elle ravage complètement sa gosse.

Non non.

Je n'ai pas de preuves.

J'en cherche hein, activement même, mais j'en ai pas.

Donc je ne le dis pas.

 

Et en attendant, c'est moi qu'on accuse de je ne sais quoi.

C'est moi qui dois me constituer un dossier détaillé pour me justifier d'avoir fait mon boulot.

C'est moi qui doit contacter mon assurance pro et leur avocat.

C'est moi qu'elle a décidé de faire chier.

 

Et attendez de lire la suite ...

 

Publié dans Tautologie

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C
Ohlala, je ne sais pas trop quoi te dire hormis que c'est hallucinant cette histoire... enfin tu as déjà de la chance d'avoir un super pouvoir de cassage, ça doit soulager dans des situations extrêmes ! :P<br /> J'ai hâte de savoir la suite...<br /> Bon courage en tous cas...
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N
<br /> ça soulage pas vraiment, c'est bien utile, c'est tout<br /> j'aimerai mieux pas avoir à l'utiliser ;)<br /> <br /> merci pur les encouragements!<br /> ça fait plaisir!<br /> <br /> <br />
G
J'ai toujours dit que t'étais une mauvaise maitresse psychopathe et perverse !<br /> Tu as été démasquée ! Ahaha !<br /> <br /> Finalement, je vais plus devenir maîtresse moi...<br /> <br /> <br /> (chez Sonia demain, tu récupère des trucs pour moi hein ! :p)
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N
<br /> <br /> psychpathe et perverse oui, mais quand je suis maîtresse :p<br /> <br /> <br /> <br />
C
je suis atterrée<br /> et hormis le fait que ça puisse me faire chier pour toi<br /> ça me fait chier pour cette pauvre gamine....<br /> j'ai emmené les miennes 3ans chez un pedo psy parce que j avais peur de les pourrir... peu après le début des séances, il m a dit que vraiment il voyait pas où était mon problème mais que si je lui donnais un rôle de garde fou il acceptait... et puis il a dit qu on arrêtait parce que vraiment tout allait bien et que non je ne pouvais pas les pourrir en dépit de mes angoisses, et là ce sont les filles qui ont voulu continuer... et puis il s est attaché à nous je crois... mais on a réussi à arrêter :) et je me dis qu en effet, ne soupçonnant pas à quel point une mère peut faire le mal, j en fais pas tant que ça...<br /> tu t'en fous de ma vie évidemment ... mais je compatis de tout mon cœur... j'avais peur d'être dingue, en fait je suis très saine :)
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N
<br /> c'est marrant, mais voir qu'il y a largement plsu tarrés que soi, ça permet de relativiser hein ;)<br /> <br /> sinon, oui, effectivement, c'est pour la gamine que je m'inquiète<br /> elle est en plein conflit de loyauté maintenant<br /> elle a plus le droit de m'aimer alors qu'elle connait que ce mode de relation...<br /> <br /> et puis du coup, comment me servir de cette histoire pour faire avancer l'enquête sociale et le signalement au procureur sans prèter le flanc aux accusations d'acharnement contre la maman...<br /> <br /> <br />
T
http://www.aapel.org/bdp/BLschizophreniaFR.html<br /> ça peut toujours être interessant
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N
<br /> merci, je jette un oeil dès que j'ai le temps!<br /> <br /> au fait, bonne chance pour les oraux ;)<br /> <br /> <br />
M
OUH LA;;;;Courage alors......
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N
<br /> merci beaucoup!<br /> <br /> <br />